Le samedi 10 juin se déroulera la Fête du Disque organisée par la Fédélab, une organisation dont le but est de promouvoir les productions indépendantes. Au programme de cette journée : une bourse aux disques ainsi que des concerts et des showcases avec des artistes tels que Thomas Schoeffler JR (Hell Prod), SphèreS (Flying Cow Prod), Undervoid (Try & Dye Records) et bien d’autres.
À l’occasion de cet évènement nous avons pu interviewer Joël Beyler président de la Fédélab (Fédération des labels indépendants d’Alsace) et gérant du label #14 Records pour en savoir plus sur l’association et les labels indépendants.
Pour les néophytes, ça sert à quoi un label ?
Dans l’industrie musicale, les labels sont des producteurs de musique qui se chargent notamment de produire, d’éditer et de distribuer les enregistrements d’artistes et de groupes. C’est une griffe artistique, une marque qui se développe autour d’une esthétique musicale ou d’une scène. Trois labels principaux, Universal, Sony Music et Warner, qu’on appelle les « majors » se partagent les trois-quarts du marché de la musique. À côté de ces majors, il existe de nombreux labels indépendants. Ce sont eux qui sont représentés au sein de la Fédélab.
Qu’est-ce que ça change d’être un label indépendant ?
Un label indépendant est un label qui ne dépend pas des majors de l’industrie du disque. Il s’agit bien souvent de structures à petites échelles, entreprises ou associatives. La passion de la musique et l’envie d’aider des artistes sont souvent à l’origine de la création d’un label, avec la volonté de produire des œuvres de qualité. Les labels indépendants mettent sur le devant de la scène des musiques bien souvent ignorées par les médias de masse et luttent contre la standardisation musicale. Premiers découvreurs de talents, ils sont les garants de la diversité culturelle et de sa démocratisation. Le métier premier est la production d’enregistrement mais les labels indépendants exercent également de nombreuses autres activités : management, booking, organisation de concerts…
Combien y-a-t-il de labels indépendants au sein de la Fedelab ?
La Fédélab, Fédération des labels indépendants d’Alsace, a été créée fin 2013 pour fédérer les labels indépendants d’Alsace, afin de les accompagner dans leur développement. Son action est également politique puisqu’elle souhaite défendre la juste place des structures qui la composent au sein de la filière musicale, en mettant en avant l’importance du travail des labels indépendants dans le développement des groupes et artistes.
La Fédélab est en plein développement : elle regroupe aujourd’hui 10 labels alsaciens qui représentent une cinquantaine d’artistes et un catalogue d’une centaine de productions. La Fédélab souhaite fédérer encore d’autres labels indépendants, pour être davantage représentative. Son action est d’intérêt général, c’est-à-dire que les actions qu’elle mène sont utiles à l’ensemble des labels indépendants.
D’ailleurs, la Fédélab s’est associée à la Flippe (Fédération des labels indépendants de Lorraine) pour structurer, d’ici fin 2017, une fédération des labels indépendant à l’échelle de la Région Grand Est.
Parmi les labels, quel est le plus ancien ? et le plus jeune ?
La richesse de la Fédélab, c’est sa diversité. On y trouve différents styles musicaux, des structures associatives et des sociétés, des labels plus anciens à côté d’autres plus jeunes. L’expérience des uns nourrit les autres, c’est dans cet esprit que se construit la Fédélab. Le Collectif KIM vient par exemple de fêter ses 10 ans, tout comme le label Hell Prod. La majorité des membres ont entre 3 et 5 ans. Ces labels se sont développés en même temps que la Fédélab.
Par quels moyens est-ce que la Fedelab aide ses labels ?
Plus que jamais à l’ère du numérique, l’ensemble de l’éco-système de la musique doit être repensé, de nouveaux systèmes de répartition de la richesse, équitables et éthiques doivent être pensés et de nouvelles politiques de soutien à la production phonographique doivent émerger. La Fédélab agit dans ce sens. De façon plus concrète, elle permet la rencontre, l’échange, la mutualisation des compétences et accompagne la professionnalisation des labels. Elle met également en avant les activités de ses membres par la promotion, la communication ou l’organisation d’évènement comme la Fête du disque. Enfin, elle s’inscrit dans une filière et un territoire, elle coopère et participe pleinement à la structuration de la filière musicale au niveau local, dans le Grand Est et au niveau national.
Comment on fait pour s’imposer quand on est un petit label face aux mastodontes de l’industrie musicale ?
Effectivement, les labels indépendants n’ont pas les mêmes moyens que les majors, ni la même force de frappe commerciale ou marketing. Mais justement, notre force, c’est cette capacité à découvrir de jeunes talents, à défendre une esthétique, des styles musicaux différents de ceux que nous propose le marché de la musique et les grands médias, à défendre avec passion nos coups de cœurs artistiques, tout en professionnalisant nos démarches et nos activités. Les labels indépendants ont besoin d’une réelle reconnaissance institutionnelle pour le travail qu’ils fournissent et la place qu’ils occupent dans la filière. Mais surtout, les labels indépendants et les artistes, ont besoin de vous, public et spectateurs, pour remplir les salles de concerts, acheter des disques et faire circuler les œuvres.
On espère que cette interview vous aura fait découvrir un peu plus le monde des labels indépendants. Si vous avez des questions on vous invite à venir le 10 juin de 15h à 22h chez Kawati Studios pour discuter et découvrir des groupes de la scène alsacienne ainsi que les métiers de l’industrie musicale.
Pour avoir plus de détails rendez-vous sur l’événement Facebook.
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