À l’occasion de la sortie d’Adult Contemporary, nous avons eu la chance d’interviewer le duo electo-funk Chromeo. Un entretien d’une trentaine de minutes qui nous a permis d’en savoir plus sur leur carrière, leur science des titres d’albums et leur amour pour la France.

En nous offrant quelques insights sur leur parcours et sur la création de leur sixième album, le groupe basé à Montréal nous permet de mieux comprendre la couleur musicale et la pointe d’humour qui se cache derrière ce nouveau projet.

Un échange léger et enrichissant que l’on a beaucoup apprécié, on espère que vous allez prendre autant de plaisir à lire l’interview qui suit.


20 ans séparent la sortie de She’s in Control et de Adult Contemporary. Qu’est-ce qui a changé le plus dans votre approche de la musique en 20 ans ?

Chromeo (Dave) : Je crois qu’on s’est un peu améliorés ! Pour She’s in Control on avait très peu de matos, on connaissait moins la musique, je n’avais jamais vraiment chanté avant. Depuis, je crois qu’on a développé un savoir-faire.

Qu’est-ce qui se cache derrière le titre de ce nouvel album, Adult Contemporary ?

C. : On l’a choisi parce que c’est drôle ! Adult Contemporary ça fait référence à un genre musical que l’on attribue généralement à la musique d’ascenseur ou la variété pour adulte, genre Kenny G ou Michael Bublé.

Le terme “adult” fait référence à une période mature mais il fait aussi référence à l’érotisme.

Pour nous, cet album correspond à notre période de maturité mais avec une touche sexy. Tous les morceaux traitent des relations de couple adulte, c’est d’ailleurs notre album le plus cohérent au niveau des textes.

Il y a aussi une référence cachée à notre morceau préféré de Daryl Hall & John Oates qui s’appelle Adult Education.

Quand on voit votre discographie, on ne peut que constater que vous choisissez toujours soigneusement le titre de vos album, vous confirmez ?

C. : Le choix des titres nous rend fous, ça nous prend deux ou trois ans pour en choisir un ! mais je ne sais pas si j’arriverais vraiment à tous les expliquer avec autant de détails. C’est un élément très important pour nous. C’est généralement moi (Dave) qui trouve les idées, puis je les valide avec Pat (ndlr : la seconde moitié de Chromeo) et mon frère.

Tu mentionnes ton frère (ndlr : l’artiste A-trak), quel rôle joue-t-il lorsque vous travaillez sur de nouveaux titres ?

C. : C’est notre gourou ! c’est le premier à écouter les maquettes et à nous faire des retours. D’ailleurs, ses retours nous aident énormément.

Sur cet album vous avez un titre en collaboration avec La Roux et au cours de votre carrière vous avez collaboré avec de nombreux artistes. C’est quoi une bonne collab pour vous ?

C. : C’est quand on arrive à intégrer un ou une artiste à notre univers sonore et musical et que le mélange fonctionne de manière très organique, très naturelle.

En fait, quand on envisage une collaboration, on imagine d’abord la juxtaposition de la voix de l’artiste et de notre musique, qu’il nous arrive aussi parfois d’adapter. Si la synthèse des deux nous semble à la fois inattendue et fluide alors on y va.

Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ? ce n’est pas trop difficile de trouver des nouvelles idées après 5 albums ?

C. : Dans cet album, au niveau des textes on avait un mandat assez spécifique : chaque morceau est une facette des relations adultes. Ça nous a donné une direction.

Pour l’inspiration, il y a tellement de morceaux qui nous font kiffer ! dans la musique qui sort il y a régulièrement des choses qui nous mettent des claques… on adore, car ça nous stimule et ça nous donne envie de retourner au studio pour faire encore mieux.

Au départ les gens n’ont pas trop compris votre musique, à quel moment vous avez réalisé que c’était bon, vous étiez devenu un grand groupe ?

C. : Je sais pas si on peut parler d’un grand groupe mais à partir de Fancy Footwork (ndlr : le 2e album de Chromeo sorti en 2007) on s’est dit que les gens nous avaient finalement compris.

Il restait toujours quelques détracteurs dans les médias mais le public commençait à nous suivre. D’ailleurs, on a relu récemment quelques critiques de Fancy Footwork et on avait eu quelques reviews assez dures à l’époque !

Vous avez joué 5 fois à Coachella depuis 2008, peu de groupes ont eu la chance de se produire autant de fois à un festival aussi prestigieux. Comment est-ce que vous expliquez ce succès ?

C. : Si tu nous mets sur une scène, on devrait faire un bon show ! Quand on a joué à Rock en Seine en Août, on était le premier groupe à jouer sur la grande scène, c’était pas le meilleur horaire et on avait peur mais ça s’est hyper bien passé et les retours étaient incroyables. Donc on a confiance en notre show live, on est des showmen !

Rock en Seine c’était votre premier festival en France, est-ce que vous gardez un souvenir particulier du public français ?

C. : Nous et le public français, c’est une histoire d’amour qui date des débuts de Chromeo ! C’est l’un des premiers publics qui a tout de suite compris nos références.

La France a été l’un des premiers pays où les critiques nous ont validé, probablement parce qu’ici la funk n’a jamais été connotée négativement alors que dans d’autres pays la musique noire des années 80 était parfois considérée comme moins riche et moins intéressante musicalement.

Il y a une vraie tradition de funk en France, notamment grâce aux samples utilisé dans le rap français et d’autre part grâce aux radios comme Nova qui ont toujours intégré la funk et ses dérivés dans leur programmation.

Et bien sûr, le fait qu’on soit francophones crée un lien particulier qui nous suit depuis des décennies.

Avec la sortie de votre nouvel album, on peut espérer une tournée en France ?

C. : Pour l’instant, on prévoit de faire une date à Paris mais on adorerait faire quelques dates de plus dans d’autres villes. On va y arriver, on rêve vraiment de faire une tournée en France !

 

Un immense merci au groupe et à Fabien qui a rendu la rencontre possible.

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A Propos de Lucas Legname