Avant même que Netflix n’existe, les séries étaient déjà là et vivaient avec entrain depuis les débuts de la télévision ! Loin du format consommable, qui dérive au binge-watching contemporain, la série était un moment d’attente, une rencontre, un rendez-vous.
Fan de ce format, j’avoue avoir du mal à m’en passer; voici donc encore une fois une incursion légèrement à côté du thème de cette série d’articles. Mais une série de science-fiction des années 70, ce n’est pas tous les jours qu’on en présente !


Diffusé pour la première fois en France en 1968 sur la deuxième chaine de l’ORTF, Le Prisonnier fait parti de ces vieilles séries emblématiques : tant pour la dynamique mise en place que pour son montage énergique.

Synopsis

Chacun des 14 épisodes commence par une longue séquence d’introduction-générique et finissent par une aussi longue présentation de noms.

Notre personnage principal, qui écopera du nom Numéro 6, est un ancien espion anglais. Alors que la fameuse séquence de début nous fait comprendre qu’il pose sa démission et se fait kidnapper, le voilà prisonnier d’un village. Le Village est une petite bourgade de bord de mer où Numéro 6 est “enfermé”, comme dans une prison mais à ciel ouvert.

Les dirigeants du Village veulent des informations. Numéro 6 souhaite s’enfuir.

Ce que je ne te raconte pas

Sous couvert de ville expérimentale aux 1000 bizarreries, l’approche métaphorique du pouvoir et du manichéisme forment les piliers centraux de la série. Qui souhaite les fameuses informations tant réclamées et quelle est leur nature ? Finalement, cela importe peu.

Encore une fois, la science-fiction se lie à un autre genre : ici, le roman d’espionnage. Les grands thèmes tels que la quête identitaire ou la critique sociétale sont toutefois toujours de la partie.

Le Prisonnier réussit une belle prouesse de mélange entre technologies et fantasmes. Les dirigeants recèlent d’une multitude d’outils de communication, de surveillance et médicaux pour mener leurs expériences sur les villageois et Numéro 6. Un ballon-gardien, énorme boule blanche qui flotte, pourchasse les prisonniers qui tentent de s’enfuir et les absorbe une fois attrapés.

Les expériences vont d’ailleurs du clone parfait au lavage de cerveau en passant par des formes de téléportation, télékinésie ou encore télépathie.

Un univers bien ficelé, des ressorts télé novateurs

La série fut créée entre un prolongement et une inspiration d’une autre série Destination Danger.
Patrick McGoohan, acteur principal de la-dite série, rejoint George Markstein (ancien agent des services secrets britanniques IRL) en tant que scénariste pour l’adaptation de ses livres : “Le Prisonnier”. McGoohan endosse à nouveau le rôle d’acteur principal pour Le Prisonnier, semant d’ailleurs la confusion avec son personnage espion dans Destination Danger.

Trépidante, la mise en scène surréaliste et psychédélique du Prisonnier est encore aujourd’hui une influence dans la culture populaire. L’invitation sur chaque épisode d’un nouvel acteur (connu) pour jouer le Numéro 2 laisse l’empreinte des premiers caméos. Les répliques cultes sont également légion : “Je ne suis pas un numéro, JE SUIS UN HOMME LIBRE !” ou “Bonjour chez vous”. Autant de petites idées qui mettront la série sur le devant de la scène.

D’impressions en recommandations

La dynamique intense du montage donne le ton de cette cavalcade humaine. Notre Numéro 6 s’agite pour fuir, pour combattre, pour déjouer : le héros est multiple mais jamais démuni. La musique joyeuse et entrainante (écrite par Ron Grainer) contraste avec l’univers “lugubre” de la série. Chaque épisode est une répétition tendre du même schéma : le héros se trouve dans un nouveau piège qu’il saura déjouer. Finalement, c’est ça la force du Prisonnier : avoir une structure simplissime pour produire une forme plus qu’originale.

La série bien qu’incontournable, n’est pas la première œuvre à explorer l’univers de l’agent secret déchu ou encore du personnage placé en milieu absurde. Dans cette même veine, citons Alphaville (par Jean-Luc Godard en 1965), ou encore Dark City (déjà évoqué ici).

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A Propos de Le Cha

Fan de munster, connaisseuse de bières et accro à la S-F